Où nous recevons une première lettre d’Anne et Guillaume
- Dupuy à Lourdes
- 12 oct. 2019
- 3 min de lecture

Ferme de Gailhaguet, le 10 octobre 2019, au chant du coq,
Chers tous, Voici enfin la première lettre que je prends le temps d’écrire depuis notre départ de Conques il y a trois jours. Il fallait que je fusse bien naïve pour penser, en m’engageant à donner des nouvelles, que je pourrai résumer en quelques lignes les moments incroyables que nous vivons sur le chemin ! Mille journées en une ! Je ne sais par quoi commencer. Ou plutôt si, je ne sais que trop bien...car s’il est une chose qui nous touche plus profondément Guillaume et moi depuis que nous avons quitté le parvis de l’abbatiale Sainte-Foy c’est la joie intense de nos filles. Nous pensions que les premiers jours seraient un peu difficiles pour elles, qu’elles trouveraient le temps long au début-surtout Félicité qui ne voyage pas a dos d’âne mais à dos de Papa- or rien de tout cela n’est arrivé.
Voilà trois jours maintenant qu’un sourire que nous ne leur connaissions pas s’est fixé sur leur visage et nous leur découvrons petit à petit une force qui nous rend très fiers de nos petites demoiselles. Les toutes petites ne sont pas en reste et ne pleurent que lorsque nous les retirons de nos ventres où elles sont lovées pendant la marche.
Nous passons par des chemins qui nous donnent à voir de sublimes paysages : épaisses forêts de chênes encore bien verts malgré l’automne, pâtures peuplées de vaches paisibles et chevaux majestueux, villages au charme pittoresque... Nous sommes heureux ! D’autant plus que ces premiers jours - qui nous semblent des mois- ont déjà bien éprouvé nos cœurs, nos corps et nous rassurent quant à la qualité de notre organisation. Nous avons rencontré la plupart des ennemis que nous nous étions préparés à affronter : les sentiers escarpés, les cours d’eau, l’entêtement de notre âne, les chiens, la pluie, la chasse... Frappée d’une extinction de voix- châtiment biblique réservé aux incrédules... - depuis le premier jour, je commence à retrouver la parole.
Sans doute le ciel voit-il que les derniers doutes s’évanouissent : nous parviendrons jusqu’à Lourdes ! Guillaume porte Félicité et tient les cartes, il m’impressionne chaque jour par la manière dont il guide sa famille sur la route. Hier, nous avons parcouru une de nos étapes les plus redoutées. Longue de 20km, vallonée, en partie sous la pluie... La joie d’arrivée à bon port avant la nuit fut d’une intensité telle que le pèlerinage pourrait s’arrêter là, nous aurions déjà eu la rétribution de nos efforts ! Surtout lorsque le point de chute est une grande ferme très ancienne où une eau de source coule dans la fontaine de la cour, où le repas est servi devant une cheminée monumentale dont les flammes réchauffent aussi bien l’âme que le corps, et où tous les produits de la table du lait aux légumes en passant par les œufs et le fromage proviennent de la ferme...
Les personnes qui nous accueillent sont un autre trésor de ce pèlerinage que nous vivons. J’en parlerai davantage dans une prochaine lettre.
Les filles s’éveillent. Le devoir m’appelle. La route nous attend.
Ultreia ! Ultreia ! Ultreia !
Anne Dupuy.
PS de Guillaume : Depuis le départ, Anne est sans voix devant tant de beaux paysages, tant de chaleureux accueils ! Pour moi ce sont donc de vraies vacances... Plus sérieusement, elle a réussi à réduire encore notre paquetage et réalisé l'exploit de rassembler toutes nos affaires pour 1 mois en moins de 40kg !
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